🏒 Bonnie And Clyde Histoire D Amour
12histoires d'amour célèbres - Bonnie et Clyde Laporte, Michel AventureNouvelle Roman Amour 0 / 5 0 vote 3 / 5 1 vote 1 Quel événement marque les Etats-Unis à cette période ? Les
OHRYRR. Article publié dans Philosophie Magazine [En ligne] 17/07/2018. Nouvelle version publiée dans Foi & Vie, 2021 6, p. 56-59 en ligne sur le site de la revue ICI. Nouvelle version présentée au colloque “Georges Bataille 1897-1962 Pour une critique du management et des sciences de gestion” – 9 et 10 mars 2022, “Le jeu avec le je” Joueurs est le premier long-métrage de Marie Monge, présenté au festival de Cannes 2018 à la quinzaine des réalisateurs. L’histoire semble linéaire. Ella Stacy Martin travaille comme serveuse dans le bistro de son père on apprendra que sa mère est morte et qu’elle possède la moitié des parts du commerce. Une vie simple et réglée, animée par le seul mouvement des entrées et sorties du bistro, des demandes des clients et de la vie des cuisiniers. On ne sait rien d’autre, en particulier sur sa vie privée ou sentimentale. Un jour elle voit arriver Abel Tahar Rahim, qui vient pour postuler sur un emploi de serveur. On ne sait rien de lui non plus, sauf qu’il aurait occupé un poste similaire au restaurant de l’hôtel Meurice. Entre Ella et Abel, dès la première rencontre, quelque chose se passe, quelque chose passe, quelque chose qui va conduire Ella à quitter sa vie réglée et Abel à être déstabilisé par Ella. Des sensations intenses bousculent Ella, avant même qu’elle ne découvre de quelle nature elles sont tissées. Instinctivement, Ella est attirée par Abel. Une attirance mystérieuse, à laquelle elle résiste au début. Ella est d’abord questionnée par Abel, interpellée, secouée, bousculée puis, à l’occasion d’une fin de soirée imprévue, elle découvre, en suivant Abel, le monde du jeu, les cercles de jeu clandestins de Paris. Une initiation. Marie Monge filme au plus près ces lieux qu’elle colore en définissant une cohérence chromatique, des couleurs chaudes à base d’ocre associées à Abel, tandis que les couleurs de la vie d’Ella sont des couleurs froides, à base de bleus, jusqu’à l’inversion chromatique de la seconde partie du film. Quelques belles images surplombantes nous font voir la danse des jetons des tapis de jeux et la ronde de la boule de la roulette. Vues d’en haut, comme pour nous faire comprendre que ce monde est en-dessous. Justement, dans les sous-sols de Paris. Les sous-sols de l’addiction. Dans les cercles de jeu clandestins une très belle image à la tonalité de Hopper Le jeu des profondeurs Sous le visible des rues de Paris s’agite l’invisible des cercles de jeux et la puissance de la dépendance au jeu. Visages tendus, anxieux, présence des videurs, description furtive des banquiers des cercles, le cadre de ces salles souterraines est posé pour qu’on puisse suivre la navigation en profondeur d’Abel qui entraîne à sa suite Ella, d’abord fascinée puis actrice de ces jeux. Tout a déjà été écrit sur l’univers des jeux de hasard et les dépendances qui s’ensuivent à commencer par Le joueur de Dostoïevski la similitude entre le monde des jeux d’argent et le monde carcéral on parle de prison du jeu » etc. Aussi je ne vais pas ici suivre ce fil, mais entrer dans le film par un autre angle, celui du moi profond des personnages, ce moi profond qu’on appelle parfois le je » techniquement, dans la psychologie des profondeurs, le je » se situerait en-dessous du moi » et qui détermine une part importante de nos actions qui peuvent paraître irrationnelles au regard du moi. » Le fait que le je » se situe psychologiquement dans une sorte de sous-sol du moi », entre en résonnance avec la géographie des cercles de jeux telle que Marie Monge la présente, puisque les cercles clandestins sont logés dans les sous-sols du Paris visible. Je vais jouer de cette analogie morphologique et utiliser les ressources linguistiques de la langue française pour proposer un jeu de mots, une périchorèse un va-et-vient, un pas de danse entre le je » d’Ella et le jeu » auquel elle va jouer dans les cercles de jeu. Comme si le sous-sol du je » d’Ella était situé quelque part dans le sous-sol du jeu » clandestin. Cela me permettra de proposer une autre lecture du film de Marie Monge que celle faite par les critiques. Écrites pendant le festival de Cannes, les premières critiques du film ont insisté sur l’aspect amoureux du récit inséré dans le contexte des jeux clandestins et de l’addiction. Par exemple, dans son premier film, Joueurs, Marie Monge filme une passion amoureuse consumée par l’obsession du jeu » Christophe Narbonne, Première [en ligne], 12/5/2018 et ce film est un mélange de lumière, de passion et de destruction » Gwennaelle Masle, CineSeriesMag [en ligne], 11/5/2018. Les critiques récentes publiées au moment de la sortie du film le 4/07 suivent cette idée. Par exemple une romance sur fond de cercles de jeux clandestins » Étienne Sorin, Le Figaro, 4/07/2018, une descente aux enfers d’un couple à la Bonnie and Clyde » Lili Yubari, Biba, la dévastation d’un jeune couple en prise avec l’addiction aux jeux d’argent » Laurent Cambon, à Voir-à Lire [en ligne], 28/6/2018, une histoire d’amour et de dépendance, passionnée et tragique, entre une jeune restauratrice et un joueur, flambeur et flamboyant, qui brûle sa vie sur les tapis » Sabrina Nadjar, Femme actuelle. Par rapport à ces critiques qui voient dans le jeu la destruction de l’histoire d’amour entre Ella et Abel, je crois qu’il serait intéressant de dissocier Ella d’Abel et de considérer que, dans le jeu, Abel joue avec l’argent et Ella joue avec son je. » Joueurs désignerait ainsi, non seulement ceux qui jouent aux jeux de hasard dans les cercles clandestins, non seulement ceux qui jouent aux jeux de l’amour Ella et Abel, mais aussi, et plus profondément, celle qui joue avec son je. En effet, même si l’histoire entre Ella et Abel s’apparente à une passion amoureuse effectivement inscrite dans le milieu des cercles de jeux clandestins et ici on retrouve une tradition cinématographique qui présente des couples d’amants maudits comme Bonnie and Clyde 1968 d’Arthur Penn, Le guet-apens 1972 de Sam Peckinpah ou Les anges déchus 1995 de Won Kar-Wai, Marie Monge semble centrer la dynamique du film sur le personnage d’Ella. Elle nous dépeint une femme cherchant à quitter une vie qu’elle ressent sans relief [Ella] est une femme qui a une vie comme beaucoup de gens. Une vie qu’elle n’a pas forcément choisie. Elle est là où elle est censée être. Elle n’est pas forcément malheureuse ou opprimée, mais elle ne sait pas exactement qui elle est, parce qu’elle n’a pas forcément eu de choix à faire dans sa vie. Elle attend que quelque chose arrive qui va la basculer » interview donnée à RFI [en ligne] le 14/5/2018. Une critique a relevé ce trait du personnage d’Ella, décrite comme une serveuse consciencieuse mais qui s’ennuie » Peter Bradshaw, The Guardian [en ligne], 11/5/2018. Marie Monge précise qu’Ella doit soit rester dans le monde qu’elle connaît, soit prendre le risque d’aller voir ailleurs et de découvrir autre chose sur elle-même aussi. » Ma proposition ici est de considérer qu’ aller voir ailleurs » pour découvrir autre chose sur elle-même » revient à s’engager dans un jeu avec son je. Je voudrais montrer que le parcours d’Ella est finalement très différent du parcours d’Abel. Pour distinguer radicalement la route d’Ella de celle d’Abel, le jeu d’Ella et le jeu d’Abel. Joueurs ? Peut-être, mais au même jeu ? Pas sûr. Le jeu d’Ella A quoi joue donc Ella ? Pour répondre à cette question, je propose de relire trois textes de Georges Bataille, Jacques Henriot et Eugen Fink qui abordent, chacun à leur manière la question du jeu. Ce triple éclairage nous permettra de mieux saisir la radicalité du mouvement d’Ella et de le différencier nettement de celui d’Abel. Dans un article publié en 1951 dans la revue Critique Sommes-nous là pour jouer ou pour être sérieux ? » à propos de l’ouvrage de Huizinga Homo ludens, essai sur la fonction sociale du jeu, 1951, Bataille distingue deux sortes de jeu, le jeu mineur et le jeu majeur le jeu mineur seul est reconnu dans un monde où l’utile est souverain, non le jeu majeur ; pour cette raison, rien n’est moins familier à notre pensée que le jeu majeur, qui ne peut servir et où se manifeste la vérité profonde » Œuvres complètes, Gallimard, tome XII, p. 118. Le jeu mineur ne demande nullement la pleine révolte » p. 116. C’est un jeu qui ne perturbe pas l’ordre des choses et le travail sérieux. C’est le jeu du tourisme en troupe » p. 117 comme l’appelle Bataille, où l’on emmène, en troupe », en masse, les nombreux touristes jouer, sans que le monde de la production soit mis en danger. Pas de remise en cause de l’utile avec le tourisme de masse qui est, pour Bataille, une immense abdication. » Tandis que le joueur authentique est, au contraire, celui qui met sa vie en jeu, que le jeu véritable est celui qui pose la question de la vie et de la mort » p. 111. Une mise en jeu » radicale de soi-même. De ce point de vue, le jeu d’argent indique mal le sens » du jeu p. 108. Je propose de considérer le parcours d’Ella comme sa mise en jeu dans un jeu majeur au sens de Bataille. Tandis que la dépendance aux jeux d’argent d’Abel l’apparenterait davantage à un jeu mineur. Au début du film, Ella semble percevoir le monde sous l’emprise de la technique, du calcul on la montre attentive aux opérations de caisse et finalement soumis à l’ennui du calcul. Si l’on veut vivre dans un tel monde en refusant l’emprise du calcul, soit on vole, comme Abel au début du film, Abel vole l’argent de la caisse, soit on joue, comme Ella. Ella ne veut pas voler. Alors il est indispensable de redonner du jeu à la vie. Pour Bataille, sans cette agitation capricieuse due au jeu, on est condamné à une existence sociale correcte et chargée de contrainte ou d’ennui » p. 109 la situation d’Ella telle que Marie Monge la présente au début du film. Pouvoir jouer est le signe que l’on parvient à s’échapper des rouages d’un déterminisme mortifère, à introduire un jeu dans un mécanisme rigide, le mécanisme de la vie routinière. Ici, la métaphore mécanique du mot jeu » permet une analogie très intéressante, analysée en détail par Jacques Henriot[3]. Le jeu d’un mécanisme est ce qui permet à une pièce mécanique de bouger. Pour Henriot, cette notion d’entre-deux, de distance intérieure, est centrale dans l’analyse du jeu. Il l’applique à l’individu qui joue en considérant que le jeu tient à l’intervalle qui sépare le sujet de lui-même » Le jeu, PUF, 1969, p. 95. Le jeu s’insinue entre l’individu et lui-même, entre son moi et son je il exprime un hiatus qui oblige l’individu à agir pour être. De ce point de vue, pour Henriot, le jeu est une poésie de l’action » p. 83. L’individu joue parce que en lui-même cela’ joue » p. 93. Il y a au centre de l’individu quelque chose’ d’instable qui joue » dans le sens mécanique et que le jeu dans le sens ludique visibilise. Il y a comme un trou » au centre de l’homme qui ne peut être bouché, une marge de flottement et d’incertitude qui empêche l’être humain de pouvoir être copié ou imité par un robot, aussi perfectionnés soient les algorithmes qui constituent ses programmes comportementaux. Si l’homme joue, c’est parce qu’il y a du jeu » dans l’être de l’humain p. 98. Un robot ne pourra jamais jouer » dans ce sens, même si on peut programmer une machine à exécuter parfaitement les règles du jeu. L’être humain est en un sens toujours en train de dé-coïncider » d’avec lui-même p. 98[4], ce qui est radicalement impossible à un robot. Relisant Pascal mais en en inversant les conclusions pessimistes sur le jeu comme divertissement et donc fuite de soi, Henriot considère que le jeu est, non pas un divertissement au sens pascalien, mais ce qui est très exactement le mouvement de vie par lequel l’homme se fait. La création de soi passe par sa mise en jeu. En jouant son je, dans l’incertitude de l’errance, Ella se créé par liberté. Tandis qu’en jouant aux jeux d’argent, dans les variations infinies des combinaisons du hasard des cartes ou de la roulette, Abel se détruit par dépendance. Ainsi rien n’oppose plus le jeu d’Ella au jeu d’Abel que cette distance intérieure, constitutive du jeu d’Ella et absente du jeu d’Abel. Ella n’est pas dépendante du jeu d’argent, comme Abel l’est. Dans une scène intéressante du film, Abel croit qu’il a inoculé en Ella le virus du jeu il lui dit que c’est comme une piqûre. Alors que, pour Ella, c’est bien davantage le mouvement de recherche de soi qui l’emporte sur l’addiction au jeu d’Abel. Cette possibilité que le jeu instaure un nouveau rapport au monde et à soi est développée par le philosophe Eugen Fink 1905-1975 dans Le jeu comme symbole du monde 1966. Fink montre comment la philosophie platonicienne, en réduisant le jeu à une copie » du vrai » monde, a empêché de comprendre le rapport de l’homme au monde autrement que par un face à face statique. Sans jeu. Pas de création par jeu dans le monde de Platon. Tandis que, en pensant le jeu comme une activité qui recolle » l’homme au monde, qui réunit l’homme et le monde symbole du monde », sun-bolos réunir, on comprend que jouer installe un rapport dynamique profondément renouvelé entre soi et le monde. Un rapport de proximité dans lequel l’élan par lequel on s’engage dans le jeu va produire un accès à nous-même par la révélation de choses inattendues. Fink considère que, dans la vie de tous les jours, nous vivons dans un curieux engourdissement et comme aveugles » p. 120, sans qu’aucune lumière ne vienne éclairer cette nuit de routine. Le monde se fait opaque, exactement comme pour Ella au début du film. Mais l’entrée dans le jeu vient nous donner l’impression de pouvoir sortir de l’opacité du monde car dans le jeu on va se sentir plus proche de l’essentiel et de l’authentique » p. 121. Tout à coup, quelque chose » va faire irruption, va venir trouer l’opacité du quotidien. Ce trou » est associé au trou » interne dont je parlais précédemment, à cette dé-coïncidence qui caractérise l’homme par rapport au robot. Le jeu nous entraîne dans une attitude esthétique » p. 75 vis-à -vis du monde, qui nous permet d’accéder à nous-mêmes. Du point de vue éthique, la clé de cette fécondité vient de ce que la mesure de l’action n’est plus rapportée à une morale extérieure » en surplomb, qui jugerait bien » ou mal » telle action en cours, mais relève d’un vécu » intérieur dont les critères évaluatifs sont différents. Une piste personnelle. Qui revient, lorsqu’on entre dans le jeu, à alterner des moments d’activité et de passivité par rapport au jeu. On dirige son action puis on se laisse diriger par le jeu en devenant le jouet du jeu. Cette passivité est la clé de l’accès recherché à soi. Ainsi semble agir Ella, dont on se demande parfois pourquoi elle fait ce qu’elle fait alors que la raison ou une morale de surplomb lui enjoindraient de faire autrement. On ne comprend pas toujours ce qu’elle fait. On a envie de lui dire d’être, justement, moins passive par rapport aux événements. Mais cette passivité apparente semble pour elle vitale. Ce qui revient à voir le jeu d’Ella comme une liturgie de la contingence. La vie d’Ella devient dépendante des gains et des pertes d’Abel En résumé, je propose de considérer qu’Ella 1 joue à un jeu majeur ; 2 en jouant son je ; 3 en espérant par ce jeu majeur avec son je retrouver un monde vivable au-delà de l’opacité du monde qui l’aveugle. Le contraire d’Abel qui 1 joue à un jeu mineur ; 2 sans se remettre en question ; 3 sans espérer changer le cours des choses. Voir le jeu Le désir de ne pas passer à côté de l’aventure » pour ne pas manquer le truc », pour ne pas passer à côté d’une nouvelle création de soi a été la marque de la réflexion du philosophe Ralph Waldo Emerson 1803-1882. Pour Emerson, on doit faire confiance à soi-même, on doit obéir à ses élans très profonds car on perçoit dans ces élans une sorte d’appel à vivre autrement. Dans ces moments, on mobilise en soi une capacité à inventer un chemin inédit, sans pouvoir préjuger de l’issue de la route. Mais dans le film, c’est Abel qui déclenche en Ella le mécanisme du mouvement, de l’élan. Du coup apparaît le problème d’Abel. Car pour Ella, se lancer et accepter de devenir le jouet d’un jeu pour accéder à elle-même revient à suivre la route d’Abel qui passe par le hasard des gains et des pertes. Au lieu de chercher à suivre sa piste, Ella va suivre la piste de l’argent aléatoire et en cela va devenir dépendante de la dépendance d’Abel. Dans les sous-sols des cercles clandestins, sa vie est tirée au sort des dés d’Abel. Aussi Ella ne devient pas le jouet du jeu mais le jouet du hasard. Les risques du jeu deviennent les risques du jeu d’argent. Des scènes fortes la montrent comme anesthésiée par les violentes secousses qu’elle subit à cause de cela. Car, si Ella reste protégée de la dimension addictive des jeux d’argent, Abel, lui doit payer des dettes de jeu importantes et se trouve poursuivi par les hommes de mains des banquiers des cercles clandestins. Commence alors l’aspect noir du film de Marie Monge, sur lequel les commentaires des critiques ont été unanimes. Autrement dit, la voie émersonienne se grippe à cause de l’argent. La déformation due à l’argent transforme la piste d’accès à soi en voie dangereuse car l’élan initial d’Ella devient enchâssé dans la dépendance d’Abel au jeu d’argent. Ici apparaît quelque chose d’intéressant pour comprendre l’échec du jeu d’Ella, le manque de gratuité du jeu. Dans une très intéressante réflexion sur les relations entre jeu et création, Penser la création comme jeu 2000, le philosophe et théologien François Euvé montre l’importance de la gratuité pour que le jeu puisse accomplir son œuvre de création le jeu ne vise aucune fin extérieure à lui-même [et se] distingue à la fois de la nécessité et du hasard » p. 354. Si le mouvement émersonien initial d’Ella revêt cet aspect de gratuité, son parasitage par l’argent, dû à la dépendance d’Abel aux jeux d’argent, le grippe fondamentalement. On voit poindre l’impact négatif de l’argent sur la démarche émersonienne, une corruption de l’élan de vie par l’argent. Cette confrontation entre la voie émersonienne et sa corruption par l’argent ouvre des pistes de réflexion nouvelles pour l’éthique de la finance, que je ne vais pas développer maintenant mais sur lesquelles je reviendrai ultérieurement. Ella aurait-elle pu jouer son jeu sans succomber au jeu d’Abel ? Oui évidemment ! mais si elle avait trouvé la solution il n’y aurait pas eu d’histoire d’amour maudit avec Abel donc pas le même film !. Il aurait fallu qu’Ella puisse, selon les termes de Wittgenstein, voir le visible », c’est-à -dire trouver de l’ extra-ordinaire » dans l’ordinaire, dans la vie de tous les jours. Voir le visible comme doté d’un jeu, le jeu du quotidien, c’est le voir comme un environnement non clos sur lui-même, non limité à une routine répétitive des mêmes gestes et des mêmes règles. Ce qui en desserre les contraintes et rouvre à l’étonnement devant le quotidien, et donc à l’enthousiasme, qui révèle sur le quotidien et sur soi-même des choses inattendues. Or Ella ne voit pas. Elle devient sceptique sur la vie. Elle croit que ce monde-là – le monde qu’elle voit – n’est pas pour elle, n’est pas son vrai jeu. Pas le je » qu’elle doit avoir pour vivre. Pas celui qu’elle est appelée à jouer. J’imagine que c’est cette opacité du visible qui est la raison pour laquelle elle décide de suivre Abel dans le monde du sous-sol pour espérer, par ce geste, pouvoir changer de jeu. Pour espérer voir. » Pour voir ce qui s’y passe, pour voir ce qu’elle doit voir. Comme si le fait de plonger dans le sous-sol du monde visible, le sous-sol invisible du jeu, allait lui permettre, justement, de trouver enfin son je » son jeu dans le monde. Justement, Abel lui semble pouvoir lui apporter ce relief, par de l’ extra-ordinaire. » Mais ici la quête tourne mal – à cause de l’argent comme on l’a vu – et commence alors la descente aux enfers. A la fin du film, Abel raconte à Ella qu’il a toujours été du côté des perdants. Pour lui, jouer veut dire gagner ou perdre de l’argent. Tandis qu’Ella met son je en jeu. Finalement, les joueurs » titre du film ne jouent pas au même jeu. Serait-ce la raison pour laquelle l’histoire d’amour entre les je » n’aboutit pas, sauf à la mort. Et qu’Ella repart seule. Mise hors-jeu ? Notes [3] Sur Jacques Henriot et la fécondité de sa réflexion sur le jeu, on pourra consulter Sciences du jeu et en particulier l’hommage du premier numéro [4] Henriot dit précisément que l’homme est un être incapable par nature de coïncider avec lui-même. » Je reformule ce passage en utilisant le terme dé-coïncider » qui a été introduit par François Jullien dans son ouvrage Dé-coïncidence. D’où viennent l’art et l’existence ? Grasset, 2017 et dans son cours public du 25 janvier 2017 quand les choses coïncident …, qu’il n’y a plus de jeu, plus rien ne peut arriver …, c’est mort »
Accueil / Collections / Peau d’encre / Fou d’amour – Broche couples – Bonnie & ClydeFou d’amour – Broche couples – Bonnie & Clyde6,00€ Pensez-vous que lorsque nous portons l’Amour, nous le partageons ? Nous le croyons ! Notre collection couples d’artistes, couples de génies, couples mythologiques illustre cette doctrine ! Laissez-vous guider par leur créativité et leur amour qui ont tant marqué les esprits… Qui sont-ils ? Création originale Fabrication 100% française Format de la broche 4,5 cm de diamètre Matière Mat soft touch Les passeurs de Culture, c’est vous ! Description Informations complémentaires Avis 0 Description — En hommage au couple de bandits Bonnie & Clyde Comment appliquer votre broche ? Veuillez simplement épingler votre broche à l’emplacement souhaité. Quelles sont les dimensions de la broche ? 4,5 cm de diamètre En quelle matière est fabriquée la broche ? La broche est réalisée en soft touch’ matifié, elle ne se raye pas et est très agréable au toucher. Où est fabriquée cette broche ? La broche est fabriquée dans un petit atelier français spécialisé, son tirage est en série limitée. Surprenez-nous avec vos broches culturelles portés ! arsincute Informations complémentaires Poids 11 g Avis Fou d'amour - Broche couples - Bonnie & Clyde 6,00€
Psychologue de l'administration pénitentiaire, mariée et mère de trois enfants, Louise a 39 ans lorsqu'elle tombe amoureuse de Hugo, 45 ans, condamné à trente ans de réclusion pour meurtre et braquage. Pour lui, elle a perdu son travail, divorcé et dû tout reconstruire », raconte-t-elle sous couvert de l'anonymat au Parisien »- Aujourd'hui en France » témoignage à retrouver sur Des relations nouées en prison analogues à cette belle histoire » que Louise ne renierait pour rien au monde, le dessinateur Tignous, victime de la tuerie de Charlie Hebdo », et le journaliste Dominique Paganelli en racontent bien d'autres dans leur album Murs... Murs », à paraître à l'automne aux éditions les murs des prisons et les barbelés, les femmes qui s'éprennent d'un criminel au point de tout plaquer pour les aimer, voire les épouser » sont si nombreuses que le livre qu'Isabelle Horlans leur consacre aurait pu ressembler à un dictionnaire », sourit-elle. Via des dizaines d'exemples et d'entretiens recueillis aux Etats-Unis et en France, l'Amour fou pour un criminel » 1 décortique un phénomène aussi étrange que fascinant, face auquel la première réaction est souvent de s'exclamer Il faut être folle ! » Ou fou, puisque ces singuliers battements de cÅ?ur » frappent parfois des hommes - le cas de l'ex-directeur de la maison d'arrêt de Versailles Yvelines , Florent Gonçalves, et d'un surveillant rival, tous deux amoureux de la même détenue, l'a démontré. Le comment c'est possible a guidé ma démarche », confie la journaliste. Loin du profil adolescent des killer groupies », qui collectionnent les condamnés à mort comme d'autres les porte-clés », les femmes dont il s'agit sont souvent diplômées et issues de milieux sociaux dits évolués ». Hors des prisons, le flash » pour un criminel se produit en général via une image dans les médias. L'attirance immédiate se mue ensuite en un soutien inconditionnel à sa cause. Ses yeux restaient doux [...], j'ai eu envie de le protéger », confie ainsi Béatrice Poissant, médecin anesthésiste devenue l'épouse de Dany Leprince, émue par le sort de ce condamné à perpétuité pour le quadruple meurtre de Thorigné-sur-Dué Sarthe qui a toujours clamé son innocence. Je crois juste totalement en lui », répondait Doreen Lioy, la trentaine, rédactrice freelance, catholique, qui épousa le serial killer sataniste Richard Ramirez, dit le Traqueur de la nuit, auteur de 13 meurtres et de 30 autres actes criminels. Je sais ce qu'il a fait, mais on aurait dû le soigner », affirme Vicky Subzik, ex-agent de probation tombée in love » de Tommy Lynn Sells, condamné pour le meurtre de quinze explications motivent l'amour de ces femmes, qui , toujours, dissocient l'homme des actes commis. Il y a l'amour courtois » à la façon des chevaliers de la Table ronde que permet l'enfermement, avance l'Américaine Sheila Isenberg, qui a rencontré une trentaine d'entre elles 2. L'attrait du mauvais garçon », avance le psychiatre Roland Coutanceau, qui traduit à sa façon ce que d'autres appellent hybristophilie » ou syndrome Bonnie and Clyde », du nom du célèbre couple de malfaiteurs américains des années 1930. Elles transcendent leur existence en approchant un criminel », décrypte le spécialiste des tueurs en série Stéphane Bourgoin, qui parle d'un syndrome Hannibal Lecter ». Sur fond de solitude et d'éducation religieuse, l'altruisme, la main tendue, l'envie d'aider » constituent des clés, jauge Isabelle de l'Hexagone, là où ces histoires font commerce aux Etats-Unis le tabou qui entoure ces relations. Aimer un détenu en France, c'est comme une maladie honteuse qui expose au rejet de l'entourage et au regard méprisant de la société. Donc ces femmes se taisent », relève la journaliste, qui n'hésite pas à tacler le traitement inique » que le système pénitentiaire réserve aux compagnes de détenus. Autre singularité la relative impopularité des tueurs en série français », décrit-elle, même si Patrice Alègre, Guy Georges ou Michel Fourniret reçoivent de nombreux courriers d'admiratrices... Et jusqu'à Francis Heaulme, surnommé le Routard du crime, certes loin de l'archétype du play-boy, mais à qui une punkette de 25 ans écrit régulièrement.1 L'Amour fou pour un criminel », Isabelle Horlans, Le Cherche-Midi, 2015, 16,50 â?¬.2 Women Who Love Men Who Kill », Sheila Isenberg, 2000, bientôt en LIRELa belle histoire » de Louise La vie de Louise, 39 ans,mariée et mère de trois enfants, bascule lorsqu'elle s'éprend de Hugo, 45 ans, l'un des détenus de la maison centrale où elle travaille comme psychologue. J'ai compris très vite vers quel cataclysme cela allait m'entraîner,décrit-elle. J'avais l'impression de mourir et je ne m'étais jamais sentie autant en vie. » Contrainte à la démission, aujourd'hui divorcée, elle est passée depuis de l'autre côté du miroir, côté famille de détenus ».Lire tout le témoignage sur notre site.
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